Trafic de cochons : au moins 300 millions de préjudice pour la Charcuterie du Pacifique


PAPEETE, le 27 novembre 2018 - Quatre individus, dont un boucher de la Charcuterie du Pacifique, ont été mis en examen jeudi soir dans le cadre du vaste trafic de vol et recel de vol de cochons dévoilé par les enquêteurs de la Brigade de recherches de Faa'a. Ils ont tous été placés en détention provisoire. En l'espace de six ans, le préjudice subi par la Charcuterie s'élèverait à plus de 300 millions de francs. Il pourrait s'avérer bien plus important.

Un boucher de la Charcuterie du Pacifique et deux employés d'un abattoir de Papara ont été mis en examen pour « vol en bande organisée » ce jeudi après avoir été présentés devant le juge d'instruction. Un autre homme, un "intermédiaire", a quant à lui été mis en examen pour recel de vol. Tous les mis en causes, qui reconnaissent les faits, ont été placés en détention provisoire après avoir été présentés devant le juge des libertés et de la détention (JLD).

Mardi, quatre personnes avaient déjà été mises en examen pour « recel de vol » puis placées sous contrôle judiciaire.


Qualité de la viande

Dans cette affaire, mise à jour suite à une plainte déposée par la Charcuterie du Pacifique, la justice soupçonne l'existence d'un trafic de cochons qui aurait eu lieu depuis 2012. La Brigade de recherches de Faa'a a enquêté durant plusieurs mois afin de révéler ce trafic. Les carcasses de cochons étaient revendues à une moyenne estimée à 25 000 francs la pièce. Les prix pouvaient cependant être négociés en fonction de la qualité de la viande. Certains clients commandaient la viande en amont puis venaient la récupérer « au cul » du camion. Désormais, la justice devra déterminer si les autres acheteurs, parmi lesquels on dénombre des paroisses et des particuliers, avaient connaissance de l'origine des marchandises et de l'existence de ce trafic.

Selon nos informations, le préjudice subi par la Charcuterie du Pacifique s'élèverait à 300 millions de francs minimum depuis 2012. La qualification de « vol en bande organisée » est passible de 15 ans de prison devant une cour d'assises. S'ils étaient requalifiés, les faits seraient jugés devant un tribunal correctionnel. Le « recel de vol en bande organisée » est quant à lui puni par une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.

Un trafic sur plus de six ans, des centaines de millions de francs perdus au préjudice du premier importateur de porc en Polynésie : il appartient désormais au magistrat instructeur de déterminer comment ce trafic a pu perdurer sur une telle durée.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 26 Novembre 2018 à 06:58 | Lu 4238 fois